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Parfois, je me sens un peu comme un cancre... je suis là au fond de la classe, appuyé contre un radiateur et dehors, il fait nuit, c'est l'hiver. Les lampes sont allumées, ça sent le crayon à papier, la craie et le bois ciré. L'instituteur donne sa leçon. Les élèves écoutent. Ils sont assis à leurs places et montrent, par leur attitude, qu'ils sont attentifs et moi, je suis au fond et je n'entends pas distinctement les paroles de l'instituteur. Elles font, à mes oreilles, un brouhaha confus et rassurant.
Des élèves vont au
tableau, d'autres lèvent la main pour répondre. Toute la classe est
active et je suis là, au fond et je ne fais rien. L'instituteur pose
des questions, des élèves y répondent et je ne comprends rien. Mais, je suis bien, au chaud contre le radiateur. Je suis heureux, à
ma place. Si je tourne la tête à gauche, je vois les carrés noirs
des fenêtres donnant sur la cour et la neige qui fait passer les
petits éclairs blancs de ses flocons.
Noël approche,
je sens
déjà ses parfums de mandarine et de chocolat.
Je vois briller les
papiers d'argent des cadeaux,
les boules des sapins et les
guirlandes...
Cette joie, qu'un présent à venir me promet,
est déjà
là, en moi et elle y est toujours.
Cette ambiance d'hiver
confortable et insouciant
berce mon cœur d'une langueur qui n'a rien
de monotone.
Contre le radiateur, à
sa place
Je ne comprends rien de
ce qui est dit, mais je suis un cancre, un cancre content. Je suis
bien, à ma place dans cette classe, assis contre le radiateur, à ne
rien y comprendre. Il n'y a rien à dire, tout est dans l'harmonie. J'ai du papier, des crayons de couleur et je dessine. Personne ne me pose de questions, personne ne s'occupe de moi et je suis tranquille... c'est ça un dévot, c'est quelqu'un qui aime être avec Lui, qui aime être conscient de Lui et qui s'en fiche de ne rien y comprendre, plus encore : il n'a pas envie de comprendre. Quand on est bien, on n'a plus besoin de rien. Qui va l'interroger ? À propos de quoi ? Qui est Dieu, est-ce Brahma, Vishnou, Shiva, un mélange des
trois ? Qu'importe, ça sert à quoi de le savoir, quand on est bien,
à sa place ?! Parfois la conscience de la béatitude est si légère
qu'un souffle, un mot, une pensée pourraient la faire disparaître.
C'est le cancre, il est
content d'être là. Les autres élèves participent, pleins de zèle,
d'empressement, de bonne volonté, de désir de plaire, de curiosité,
d'appétit, de savoirs, et pourtant, en vérité, l'instituteur
préfère le cancre du fond. Quand son regard se pose sur lui, il
l'aime. Il le laisse tranquille et il l'aime. C'est un cancre, il ne
participe pas, mais il est heureux, heureux d'être là. Il n'écoute
pas les paroles pourtant il aime la musique qui le berce... c'est
l'imbécile heureux.
Sa satisfaction est en
lui comme un filtre et la réalité apparente en est transformée. Il n'est pas dans le même continuum spatio-temporel. Les
ondes du monde habituel, celui de tout un chacun, ne parviennent pas
sans déformation à l'endroit où est ce cancre ! Le dévot est un peu comme
dans du coton, tout lui vient amorti par son bonheur de Lui.
Ce cancre est heureux
d'être là, il n'a pas de but,
aucun désir d'arriver quelque part,
où pourrait-il être plus heureux qu’ici et maintenant ?
Il n'a
pas envie de comprendre...
de toute façon, de comprendre
ça lui
apporterait quoi de plus ?
Quand tu as faim, c'est inutile de
comprendre pourquoi,
ce qui est utile, c'est de manger !
Ceux qui, en
spiritualité, désirent comprendre,
apprendre, s'améliorer, se
perfectionner sont motivés,
sans qu'ils le sachent, par
l'ego-spirituel
et un désir caché d'être capable
d'apprendre aux
autres, de devenir un maître.
Quelle importance
Est-il important de
savoir si tu t'y prends bien ou mal ? De toute façon, par défaut, on s'y prend mal ! Alors ? Quelle importance de s'y prendre un peu
moins mal ? Le plus important n'est pas de s'y prendre plus ou moins
mal. On veut s'y prendre de façon un peu moins pire mais dans quelle
mesure ? Selon quels critères ? Comment calcule-t-on la qualité de notre pratique, de notre compréhension
et quel est l’intérêt de le mesurer ?
Quand on est nul d'être
un peu moins nul ou un peu plus nul, quelle importance ? Il faut être
sacrément vaniteux, ambitieux, présomptueux pour viser une
amélioration de sa nullité... Dieu et Son Royaume, l'éternité nous
dépassent tellement ! Quand tu prends conscience que tu es nul, que
tu te rends compte que tu es largement au-dessous de la barre à
partir de laquelle on peut y faire quelque chose, alors tu es humble et tu lâches prise, comptant sur la bienveillance du prof et, ça tombe bien, cette bienveillance t'est acquise : l'instit t'aime parce que tu es le plus faible, le plus nul, le plus heureux de ses élèves.
Le maître, ce maître là est
venu pour les petits, les simples, les faibles, pour ceux qui
ne souffrent pas, pour ceux qui vont bien. Ceux-là n'ont pas besoin de
Lui.
Les ambitions
Tout, absolument tout est
tellement vain !
Tellement vain... de toutes façons que tu sois fort,
ou faible, en bonne santé ou en mauvaise santé,
que tu aies
réussi socialement,
que tu aies laissé une trace ou pas,
que tu aies
eu des enfants ou pas,
que tu vives une vie saine ou pas, à la fin tu meurs !
Et personne ne meurt en bonne santé, alors ?
C'est quoi le
plan des ambitions ?
Nous avons si peu de
temps à passer ici, notre existence est une fulgurance alors... quel
intérêt qu'une fulgurance soit plus ou moins brillante ? Elle
fulgure ! La durée, grosso modo, est la même pour toutes les
fulgurances et qu'elles soient violettes, rouges, bleues ou jaunes
qu'importe. C'est ça la vérité des gens. Nous sommes tous sur le
même bateau, emporté par le courant du Styx et le Styx nous amène
tous au même endroit, de l'autre côté de l'horizon où le Dieu Râ
quitte le monde des vivants.
L'important, c'est d'avoir
un aperçu de ce qui nous attend, une fois passé de l'autre côté,
c'est de bien lire la plaquette de présentation et, ainsi, d'être
rassuré et capables de vivre notre existence comme elle doit l'être.
C'est la seule chose qui compte vraiment. Quelle ambition mériterait
d'être cultivée ? Qu'elle soit spirituelle, artistique, familiale
ou sociale qu'importe... c'est vain. Nous avons à faire ce que nous
devons faire, alors faisons-le dans la joie et la paix du service.
Pour parler de mon
expérience, je peux vous dire que je n'ai jamais eu aucune ambition
de toute mon existence... une soif, oui, mais une soif n'est pas une
ambition. La soif vous pousse à l'Observance et vous donne la
constance indispensable à la Réalisation.
Je sais que le bonheur,
ce bonheur du cancre,
est un bonheur d'enfance, mais qu'il perdure en
grandissant
car ce qui lui donne son parfum et son goût
c'est la conscience du Saint-Nom dans l'instant présent.
L'instant présent
de maintenant
est le même que l'instant présent de notre enfance
et
le Saint-Nom a le même parfum
et le même goût depuis et pour
toujours.
Celui qui aime aimer Dieu
et qui l'aime simplement, sans rien attendre en retour, celui-là
connaît la félicité et peu lui importent les variations de son
humeur et des humeurs du monde.
Ne vous occupez que de
l'essentiel et assumez vos devoirs et vous
serez sur la bonne voie. Quand tu es dans le Saint-Nom (la technique de méditation et le feeling de paix intérieure) et
que tu débouches dans la grande paix, la vacuité, tu oublies le
souffle de la veille et il reste une résonance de cathédrale, le
calme, une vibration, une densité. Tu es bien, accompli, assouvi,
arrivé, satisfait, heureux et tu n'as besoin de rien d'autre. C'est
ça la béatitude !
Mais vraiment,
souvenez-vous que
la clé de la béatitude, c'est l'humilité
et
l'humilité, ça ne s'invente pas.
L'humilité vient en même temps que la conscience :
quand vous avez conscience de votre petitesse,
de
votre impermanence, de votre insignifiance,
alors, vous êtes humble.
Au fait : personne ne peut être dans cet abandon tout le temps. Le devoir, le service (un des piliers de la pratique de La Voie) ont
force de loi. Aussi rares que ces moments soient, ils nous comblent à
chaque fois.
yoganand